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Jaune, de l’étoile au gilet...



Jaune, le mal aimé ! La jaunisse ? Sale maladie ! La fièvre jaune ? Incurable ! Le faux monnayeur (qui imitait l’or avec le jaune) portait une robe jaune pour aller au bûcher. Le peintre florentin Giotto donna cette couleur à la robe de Judas. L’église fit porter aux Juifs d’Europe une rouelle jaune... sous le «bon» roi Saint Louis, déjà. Et ça n’a pas cessé ; Jean Valjean, bagnard libéré, se voit remettre le passeport jaune, marqueur définitif et sceau de son infamie. Les fameux Tournesols de Vincent Van Gogh réhabilitent un peu la couleur, mais bien après sa mort. Avec le XIXème siècle, notamment les influences japonaises, on va mieux distinguer le jaune d’or (qui tire un peu vers... le vert) dédié à figurer les qualités nobles, la chaleur des sentiments et la richesse, du jaune classique qui reste la couleur de l’infamie et de la traîtrise. Une couleur tout juste bonne pour les maris trompés. «Jaune», c’est l’ouvrier briseur de grève, traître à sa classe sociale et allié du patron. L’étoile jaune – encore – désigna le Juif à la vindicte antisémite, voire à sa spoliation ou sa déportation. Et c’est bien le carton jaune – toujours – qui expulse le sportif déloyal du terrain des confrontations équitables. Je n’insiste pas sur la poubelle jaune du tri sélectif dédiée à vos déchets plastiques... Pros du graphisme, vous savez que c’est pourtant un ton primaire que vous retrouvez dans la fameuse composition CMJN, mais vous savez aussi qu’il ne passe pas au téléfax, ni à la photocopie – le traître – heureusement désormais désuets. Avec tout ça, je vais vous dire, même si le gilet jaune reste un formidable outil de mobilisation, pratique et disponible pour toutes les protestations de la terre, n’oublions jamais que le jaune est depuis longtemps et restera sans doute, enquêtes à l’appui, la couleur la moins aimée des Français. Gilets jaunes, à bon entendeur...


Philippe Michel

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